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les pages du ciel - Page 5

  • Les pages du ciel.

    Lundi. Matin. Un ciel qui aurait pu attirer l’attention de Turner, car il est bien jaune là où le soleil se lève.
    Mardi. Soir. Au début de la plage de Bonnegrâce, les galets gris se reflètent encore dans l’eau. Mais au bout, ils sont sagement endormis et la mer a cessé de brasiller : elle se détourne de la berge et va, loin, très loin, s’étirer dans le sillon du soleil. Pour habituer les yeux à l’obscurité prochaine, des nuages plus sombres que la mer mais plus clairs que la nuit s’étalent dans un sens puis dans un autre, comme un peintre fait aller et venir son pinceau pour recouvrir tout le haut de sa toile.
    Mercredi. Matin. Tamaris. Entre la mer et le ciel, des violets multiples. Des nuages à foison : des plats, des ronds, des larges, des effilochés, des bourgeonnants, des tout proche, des tout loin. On pourrait piocher dans les noms savants dont on se souvient – cumulonimbus, cirrus, cumulus – mais on ne sait plus trop qui est qui dans ce vaste univers. Sont-ils en train de se disputer la place ? En cette saison, de ce côté-ci de la corniche, il y a toujours des nuages dans le ciel, le matin. Mais quand vient la belle saison, l’azur est impeccablement repassé.
    Jeudi. Nuit. Lune ronde dans ce Bleu de Prusse incomparable. On avait appris enfant que cette lumière autour d’elle s’appelait un « halo ». C’est un des mots qu’on préfère encore.
    Vendredi. Ceux qui, parmi les nuages, s’effilochent le plus, ce sont les cirrus. Ils sont hauts. Lointains. Indifférents peut-être. Statiques aujourd’hui : on les observe un long moment puis on leur préfère le souvenir du nuage en forme de coussin bien moelleux qui coiffait le Coudon la veille.
    Samedi. Ciel d’un matin plus tardif. Tout est en place : l’azur, le soleil. Pas de nuages. Sans doute en fin d’après-midi précèderont-ils l’allumage de la Lune : elle est souvent là, en fait, quand il fait jour, quasi-translucide pour plus de discrétion.

  • Les pages du ciel.

    Lundi. Le ciel est si bas qu’on ne distingue plus le Faron, couvert par un nuage en forme de grosse cloche, brouillard pour la garrigue du mont. De l’est, la masse des nuages est poussée par une brise hésitante. Mais, comme la lave qui s’écoule d’un volcan, lente et massive, du bout, là-bas, d’autres masses noires sortent de l’horizon et avancent.
    Mardi. Ciel. Mer. Terre. Ensemble. C’est la nuit.
    Mercredi. Après des heures de pluie, le grand jour se fraie un chemin dans les nuages épais. Ca et là, quelques trouées claires dans le gris touffu.
    Jeudi. Très tôt. Un ciel noir. On dit : « une nuit à couper au couteau ». Pas d’étoiles. Pas de lune. C’est un grand et sombre tissu de deuil, qui recouvrirait volontiers le monde de sa noirceur. Comment peut-on croire que le jour poindra tout à l’heure ? Parce que c’est une des rares certitudes.
    Vendredi. Du côté du Coudon, le ciel est rose comme les joues d’un enfant qui se réveille de sa sieste. De part et d’autre, un fouillis de gris foncé, de gris clair, de blanc, de bleu. Le grand jour viendra ordonner tout cela le temps de la traversée.